Alors que Ford Canada pouvait célébrer son meilleur trimestre aux ventes depuis 15 ans, Fiat Chrysler (FCA) voyait le couperet tomber en vertu d’un jugement américain la forçant à payer 105 millions $ en amendes avec, en plus, l’obligation de racheter quelque 200 000 véhicules, ce qui pourrait se traduire par une facture globale d’environ un milliard de dollars. FCA rejoint ainsi GM (problème de mécanisme de démarrage), Toyota ou encore l’entreprise Takata dont les coussins gonflables équipant les véhicules ont causé des blessures sérieuses lors de collisions. 

La condamnation de la compagnie concerne 23 rappels touchant 11 millions de véhicules aux États-Unis seulement et 153 011 au Canada. Les rappels concernaient différents problèmes dont des réservoirs d’essence mal installés qui auraient causé des incendies et entraîné des pertes de vies humaines. Les modèles visés sont les camions Ram et les VUS produits par la compagnie. La poursuite reprochait à l’entreprise d’avoir mal géré ces rappels, notamment au chapitre des pièces de remplacement qui n’étaient pas disponibles ou d’avoir effectué des réparations qui ne solutionnaient pas réellement le problème. De plus, on reprochait à FCA son manque de diligence pour mener à bien ces opérations de rappel. À ce sujet, la loi américaine prévoit des délais précis pour effectuer les réparations ou, sinon, de carrément racheter les véhicules. 

Cependant, au Canada la situation est différente. La législation, dans son état actuel, ne permet pas au gouvernement de forcer les fabricants d’automobile à procéder à des rappels. Les compagnies peuvent donc le faire de leur propre accord. Si ce n’avait été de l’imminence de la campagne électorale, la situation aurait pu être différente puisqu’un projet de loi était sur la table à cet effet. Il y a environ un mois, la ministre des Transports, Lisa Raits, avait déposé le projet C-62 qui allait dans cette direction. En vertu de ce projet, le ministre aurait pu forcer les compagnies de procéder à certaines réparations sans frais pour les propriétaires ou, à défaut, de remplacer le véhicule par un modèle équivalent, de rembourser le coût de la réparation ou celui du véhicule moins la dépréciation. À ce jour, cependant, le seul recours du gouvernement est d’intenter des poursuites après le fait. Donc, il n’y aura pas de rachat pour les clients canadiens.

Selon plusieurs commentateurs, la facture de 105 millions ne devrait pas causer de problèmes à FCA compte tenu de l’importance de son budget de production. Le rachat de 200 000 véhicules risque de faire mal non seulement en termes financiers mais également en regard de l’image de l’entreprise et de ses produits sur la gamme de camionnettes à plateau Ram. Pendant ce temps, chez Ford, des ventes record du modèle équivalent F-150 sont prévues d’ici la fin de l’année.

Photo : Certains modèles de la fourgonnette Ram de Fiat Chrysler Canada causent des soucis à l’entreprise.