Il reste encore quelques jours (jusqu’au 18 septembre) pour visiter l’exposition Stories from Old Sandwich Town : A Bridge to Somewhere présentée par Linda Renaud-Fischer à la galerie SoCA, située dans l’édifice LeBel de l’Université de Windsor (intersection Huron Line et College Avenue).
Mme Renaud-Fisher s’intéresse depuis longtemps au secteur du Vieux Sandwich et, pour ce projet d’exposition, elle a voulu explorer l’impact du pont Ambassador sur le secteur, dans une perspective individuelle et collective. Pour ce faire, elle a mené es entrevues avec huit résidents ou anciens résidents, et c’est à partir de leurs témoignages que l’exposition a pris forme.
Ce secteur de la ville de Windsor, dont la colonisation remonte à plus de 300 ans, est aujourd’hui une zone dévitalisée où cohabitent des natifs de la région, des immigrants de première et seconde génération ainsi que des étudiants de l’Université de Windsor située tout près du quartier, de l’autre côté de l’emprise du pont. On peut y entendre parler anglais, arabe, mandarin, espagnol et français.
De plus, et c’est un fait méconnu, la bande des Amérindiens de l’île Walpole y possède encore une soixantaine d’hectares de terres et, lors de l’épisode du Chemin de fer clandestin, Sandwich a été le lieu de résidence de plusieurs familles noires ayant fui les États-Unis et l’esclavage.
Un quartier coupé en deux
Au milieu des années 1920, la construction du pont a forcé la démolition d’une partie du quartier, le coupant littéralement en deux. Environ 80 ans plus tard, dans le processus de construction d’un nouveau pont, la bataille entre les propriétaires du pont actuel qui désiraient construire le nouveau lien à côté du vieux pont et les tenants du pont appartenant au gouvernement fédéral, a eu comme résultat l’achat et le placardage de nombreuses maisons, une dévitalisation du quartier et de nombreuses luttes dont l’une est à l’étude par la Cour suprême du Canada.
Pour Nancy Allen (une des huit personnes interrogées), toute cette saga a forcé les résidents de Sandwich à se regrouper pour défendre ce qu’elle décrit comme « le site historique le plus significatif à l’ouest de Montréal ».
Pour David Garlick, dernier directeur de l’école Forster, également rencontré par Mme Renaud Fisher, la vente des maisons sur Indian Road a, entre autres, amené plus de 110 familles à quitter le secteur, causant un processus de dévitalisation qui a donné mauvaise réputation au quartier, ce qui a incité d’autres familles à quitter également. Moins d’enfants donc, et fermeture de l’école Forster.
L’ensemble des témoignages pointe à la fois vers la réalisation très prosaïque de la dégradation du quartier, de la perte d’un certain tissu social mais, également vers une forme d’espoir pour le futur surtout depuis le sauvetage du Mackenzie Hall et de l’ancien bureau de poste. La Ville elle-même commence à réinvestir dans le quartier notamment avec le déménagement de la bibliothèque dans l’ancienne caserne de pompiers.
Beaucoup d’espoirs sont maintenant placés dans la décision que rendra la Cour suprême. Si elle penche du côté de Sandwich, la décision pourrait signifier que la compagnie propriétaire du pont doive, entre autres, restaurer toutes les propriétés présentement placardées et les rendre à la communauté dans l’état où elles étaient lors de la vente. L’exposition illustre bien à la fois les désillusions et la colère des gens rencontrés, et ce, malgré tout l’espoir de voir se reformer la communauté de Sandwich dans un futur pas trop lointain.