« Au moment de mourir, le dieu Pan a heurté le sol de son genou. Il s’en est suivi l’ouverture d’une profonde crevasse d’où les papillons de nuit (le mot hébreu seraphim (séraphin en français) signifie « ange de feu ») se sont envolés », indique Alain Lefort rencontré lors de la mise en place de magnifiques photos de papillons dans le cadre de l’exposition Seraphs/The Burning Ones présentée à la galerie Artcite à Windsor.

L’exposition, dont l’inauguration a eu lieu le 6 mars dernier, consiste en une série de photographies numériques de grand format présentant des papillons. « En fait, je n’ai pas vraiment photographié ces papillons, je les ai plutôt numérisés, enfin la plupart. À mon atelier à Montréal, je dispose d’un numérisateur de grande qualité qui me permet de faire ce genre de travail. J’ai donc dû chercher des papillons et j’ai même débuté une collection personnelle. 

« Puis, je me suis tourné vers l’Insectarium et son directeur, Georges Brossard, qui possède une collection incroyable. Il m’a donc prêté sa collection privée pour que je puisse y trouver les spécimens que je désirais pour faire le projet. » 

De manière générale, le travail de M. Lefort porte beaucoup sur les arbres, le projet Seraphims étant une espèce « d’à côté », comme il le souligne. Dans son travail sur les arbres, il dit reconstruire la forêt en utilisant plusieurs images, parfois jusqu’à 70, pour obtenir le résultat désiré. 

Le travail de M. Lefort permet de découvrir les papillons de nuit comme on ne les voit jamais. Il s’agit d’insectes qui, généralement, se fondent dans leur environnement, d’excellents artistes du camouflage. Pour eux, c’est une question de survie. En les soumettant à la forte lumière du numérisateur, Alain Lefort fait ressortir des couleurs, des motifs et des textures que l’on ne prête pas à ces papillons qui semblent plutôt ternes. C’est là, en partie, que se fait le lien avec la légende du dieu grec Pan. Ces papillons évadés de l’enfer lors de l’ouverture de la crevasse dévoilent, sur les photos, des couleurs que l’on ne leur imagine pas, des couleurs de feu, des motifs hypnotiques.

Photo: Alain Lefort, photographe