Jusqu’à il y a quelques semaines, les Franco-Ontariens ne s’imaginaient pas entamer le mois de décembre en protestant contre les politiques du gouvernement provincial. Depuis, tous ont été témoins des controverses soulevées par Doug Ford par sa décision de laisser tomber l’Université de l’Ontario français et par sa valse-hésitation quant au poste de Commissaire aux services en français. Délaissant pendant quelques heures les achats de Noël et l’installation des décorations, des milliers de francophones se sont donc joints, le samedi 1er décembre, aux manifestations organisées simultanément aux quatre coins de l’Ontario.
C’est l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario qui est à l’origine de cette démonstration de force. En s’appuyant sur son réseau de contacts et par la réponse spontanée offerte par des gens de partout à son invitation à joindre la « résistance », l’organisme a coordonné la mise sur pied de plus de 30 manifestations. Petites et grandes villes du nord au sud et de l’est à l’ouest ont donc vu se rassembler des foules arborant le vert et le blanc, les couleurs emblématiques de l’Ontario français.
Qui plus est, des francophones d’ailleurs au pays ont, du 30 novembre au 2 décembre, témoigné de leur solidarité à l’endroit des Franco-Ontariens ont organisant leur propre rassemblement ou en posant quelque autre geste d’appui. Le drapeau créé en partie par le regretté Gaétan Gervais, décédé en octobre dernier, a donc été hissé à Terre-Neuve, au Manitoba, en Colombie-Britannique, etc., et, là comme en Ontario, slogans et discours ont galvanisé les militants pour la défense du français.
Par pure coïncidence, les manifestations se sont déroulées dans la foulée d’un nouveau rebondissement dans cette saga que vit l’Ontario français : le jeudi 29 novembre, Amanda Simard, députée de Glengarry-Prescott-Russell, a claqué la porte du parti progressiste-conservateur. Après avoir tenté sans succès de convaincre son chef de revenir sur ses décisions, la jeune élue se trouvait dans une position des plus inconfortables et a finalement décidé de prendre fait et cause pour sa circonscription majoritairement francophone et, de manière générale, pour l’ensemble des Franco-Ontariens. À présent députée indépendante, Mme Simard aura les coudées franches pour promouvoir des causes qui lui tiennent à coeur.
Il ne s’agissait pas, au cours de cette semaine mouvementée, de la seule nouvelle d’importance. Le lundi 26 novembre, Caroline Mulroney était promue ministre des Affaires francophones. Rappelons qu’elle avait été assermentée, en juin, comme simple ministre déléguée, les Affaires francophones ayant alors été ravalées au rang d’Office. Pour le moment, il est difficile de déterminer s’il s’agit d’une véritable concession de Doug Ford ou d’une opération cosmétique : le temps, et surtout les fonds alloués, le diront.
Sur le territoire couvert par Le Rempart, une manifestation était prévue à Essex. Malgré une météo incertaine, familles, collègues et amis se sont rassemblés pour faire entendre leurs voix et démontrer au reste de la population que les Franco-Ontariens sont là pour rester.
PHOTO: C’est devant le bureau du député Taras Natyshak que s’est tenue la manifestation.