C’est en 1902 que Windsor Armouries ouvre ses portes comme site d’entraînement des engagés du 21st Regiment of Essex County (Fusiliers). Et 116 ans plus tard, l’édifice accueille ses premiers étudiants et professeurs au terme d’un travail colossal de conversion de fonctions et d’architecture. Le pari était audacieux mais, entre le lancement de l’idée en 2011 et l’ouverture des portes, l’investissement en temps, créativité et argent donne un résultat à la hauteur des attentes.
Vincent Georgie a été nommé à la direction de cette nouvelle école et il n’hésite pas une seconde pour affirmer « qu’il s’agit de l’école d’Arts créatifs la plus avancée en Amérique du Nord. J’ai eu l’occasion d’en visiter quelques-unes et ce que nous avons réussi à créer ici dépasse aisément tout ce que j’ai pu voir ailleurs ».
Le défi était de taille. Comment créer, à l’intérieur d’un bâtiment patrimonial centenaire, un lieu d’apprentissage inspirant pour les étudiants et les enseignants? Un lieu où on ne se contenterait pas simplement de créer des cubicules et des couloirs mais où, plutôt, de par sa conception même, les étudiants des différentes disciplines en arriveraient à former une espèce de communauté. Le tout en incorporant les équipements les plus avancés aussi bien que des chevalets, des pianos, des outils pour façonner le métal ou le bois, etc. Dernier défi, et pas le moindre compte tenu de la localisation de l’école au coeur du centre-ville, en faire un lieu de rencontre ouvert à toute la population.
Pour y arriver les firmes ERA et CS&P Architects ont été retenues par l’Université de Windsor. Elles ont travaillé d’un côté sur l’édifice patrimonial et, après avoir démoli le restaurant Tunnel BBQ, ont érigé un pavillon annexe de l’autre côté de la rue qui, une fois complété, sera rebaptisé Freedom Way. Dans le bâtiment principal, il a fallu vider l’intérieur et creuser un sous-sol qui n’existait pas jusque là.
« Une bonne partie du travail de réfection et de restauration a dû être littéralement fait à la main, rappelle M. Georgie. Par exemple, toutes les fenêtres ont été remplacées, mais aucune n’avait exactement les mêmes proportions que sa voisine compte tenu des techniques de construction en vigueur au tournant du XXe siècle. Les concepteurs ont également fait le choix de conserver certains éléments originaux comme les portes extérieures ou encore le vieil escalier tournant qui surplombe maintenant un corridor. Dans le sous-sol, on a conservé, à découvert, une section des fondations d’origine qui serviront d’arrière-scène à une commémoration permanente de l’histoire du bâtiment ».
Pendant la visite, au loin, on entend répéter la chorale de l’université. Comme le souligne le directeur, le concept retenu va faire en sorte que les étudiants des différentes écoles vont constamment être mis en contact, interpellés par leurs confrères. « Lors de la première journée, la chorale a d’ailleurs présenté un récital dans l’agora, ce qui a fait sortir les gens des classes pour venir voir ce qui se passait. On anticipe ce genre de vie collective dans nos murs à l’avenir ».
Une fois entièrement fonctionnelle, l’école pourra accueillir environ 400 étudiants en plus du personnel nécessaire. La facture définitive pour cette partie du projet dépasse les 50 millions $. L’inauguration officielle se fera dans les prochaines semaines, « pas au printemps, certainement au cours de l’hiver », conclut M. Georgie.
PHOTO: La chorale en plein travail de répétition