Alors que la Honda Accord 2018 (10e génération) se voit attribuer le titre de voiture de l’année au Salon international de l’auto de Détroit, la Volvo XC60 T8 2018 remporte la palme du côté des véhicules utilitaires sports (VUS). Comme le Salon se déroule dans la cour arrière des trois grands de l’automobile et qu’il marque le retour en force des camionnettes et des VUS, les juges ont identifié le Lincoln Navigator 2018 au titre de camion de l’année.
Ce Salon est, à la base, un événement sensé couronner les camionnettes surdimensionnées et les VUS. Sur l’ensemble des véhicules présentés, ils occupent 70 % de l’espace du Salon, alors qu’ils ont été les véhicules les plus vendus au Canada dans une proportion de 68 % l’an dernier. Difficile de croire que depuis quelques éditions, l’industrie semblait se tourner résolument vers les véhicules électriques ou hybrides.
Selon plusieurs analystes, c’est dans la réalité des chiffres qu’il faut chercher la cause de cet engouement pour les véhicules plus gros. Premièrement, selon toute probabilité, il faudra encore attendre une vingtaine d’années avant de voir ces véhicules propulsés par des énergies dites propres franchir le cap de 15 à 20 % du parc automobile nord-américain. Les avancées technologiques sont intéressantes mais, selon Ray Tanguay, conseiller des gouvernements du Canada et de l’Ontario pour le secteur automobile, il reste encore à implanter les infrastructures et la numérisation des autoroutes, et cela va prendre du temps.
De plus, l’engouement des propriétaires de véhicules est, au mieux, encore très mitigé face aux nouvelles technologies motrices. Du côté des fabricants de véhicules, ce sont les camionnettes et les VUS qui génèrent les meilleurs profits. Si une petite auto parvient à dégager une marge de profit d’environ 500 $, un « gros pick-up tout équipé », pour reprendre l’expression populaire, peut laisser un profit net pouvant aller jusqu’à 10 000 $. Pas surprenant donc que les fabricants fassent porter la part la plus importante de leurs investissements en publicité sur ce segment de véhicules.
Cependant, s’ils sont plus gros, les camions et les VUS sont également beaucoup plus sophistiqués depuis quelques années, pour le plus grand bonheur des propriétaires qui y retrouvent toutes les qualités de confort d’une berline conjuguées avec les valeurs de force, de résilience et d’ardeur au travail.
L’industrie canadienne des fournisseurs de nouvelles technologies dites intelligentes a profité du Salon pour présenter ses avancées. On a surtout noté la présence du fabricant de logiciels Blackberry (Research in Motion) qui a réaligné sa mission en revenant à ce qui a fait sa renommée et son succès : la cybersécurité et, autant que possible, l’inviolabilité des informations. L’entreprise, qui en était à sa première invitation au Salon, s’intéresse de plus en plus au marché des véhicules autonomes.
Cette 30e édition du Salon international de l’automobile de Détroit illustre à quel point les organisateurs sont bien branchés sur le marché nord-américain. Si le Salon de Los Angeles met en vedette les solutions plus écologiques et celui de New York les véhicules de luxe, celui de Détroit est reconnu pour être un excellent indicateur des tendances lourdes du marché. Avec 70 % de représentations des camions et des VUS, ce Salon, qui a connu de meilleurs jours dans le passé, semble confirmer que les Nord-Américains, dans l’ensemble, ont rapidement oublié les leçons des différentes crises traversées par l’industrie. Le premier choc pétrolier des années 1970 avait été une véritable douche froide et avait ouvert la porte du marché aux petites autos de Honda, Nissan (Datsun à l’époque) et Toyota. Également, il semble que les consommateurs ne veulent pas trop entendre les avertissements relatifs aux émissions de gaz à effet de serre auxquelles le parc de véhicules contribue fortement.
PHOTO: Le Lincoln Navigator 2018