En 1965, en raison de grands vents, le poirier des Jésuites, vieux de deux siècles, qui se trouvait au nord-ouest de la propriété sur laquelle est érigée la maison François-Baby est déraciné. Les employés municipaux viennent donc nettoyer le terrain, comme c’est l’habitude dans ces cas-là. Quelque chose de non planifié, et même d’interdit, se produit à ce moment-là.
Un des employés prend l’initiative de prélever un greffon viable et apporte cela chez lui. Dix ans plus tard, à la surprise des gens qui travaillent à la maison François-Baby à l’époque, un homme se présente avec un petit arbre dont il dit qu’il est la continuation de celui qui était tombé en 1965. Le cas est rare puisqu’il s’agit en fait d’un arbre qui a poussé à partir d’un arbre bicentenaire sur un site devenu depuis historique.
On plante donc l’arbre « revenu au bercail ». Cinquante ans plus tard, pratiquement jour pour jour, une petite cérémonie de désignation de ce poirier particulier s’est tenue le 8 mai dernier, derrière le musée communautaire François-Baby.
La désignation est le fait de Forests Ontario qui, après avoir reçu un dossier de soumission en vue de désignation, s’est assuré de la nature de l’arbre, de son état de santé et de sa signification pour la communauté de Windsor.
Le programme invoqué, Heritage Tree, rassemble, collige et raconte l’histoire d’arbres qui peuvent être associés à un personnage ou un événement historique ou encore, qui poussent dans des endroits chargés d’histoire.
Le poirier derrière le musée communautaire correspondait à tous ces critères puisqu’il est la continuité d’un arbre qui a probablement été témoin de la guerre de 1812. De plus, cet arbre en particulier est dans une forme magnifique. Une plaquette de métal a donc été fixée au poirier. On y retrouve un numéro d’identification qui permet d’en savoir plus sur cet arbre en se connectant au site Internet de Forests Ontario.
Les poiriers des Jésuites ont été introduits dans la région au début de la colonie. On suppose que les poires étaient dans les bagages des soldats de Jésus en 1701 et, à la fin du siècle, ils étaient devenus partie intégrante du paysage de Sandwich et sur les rives du lac Sainte-Claire. D’ailleurs, ils servaient souvent à identifier les fermes canadiennes-françaises.
À maturité, les poiriers pouvaient produire plusieurs boisseaux de fruits qui pouvaient être transformés pour l’hiver, ou encore dégustés frais. Ces arbres peuvent vivre plus de 200 ans et atteindre une hauteur de 12 mètres; le diamètre de leur tronc peut atteindre
6 mètres.
La même journée, un sycomore vieux de 250 ans a également reçu sa désignation. L’arbre est situé dans le bloc 4200 de Roseland Drive Ouest sur le site où se trouvait le Roseland Park Country Club. La famille Marentette, entre autres, a été propriétaire du site.

Photo :  relativement jeune à 50 ans, ce poirier des Jésuites peut dépasser 200 ans.