Le Grand rassemblement annuel de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) avait lieu du 22 au
24 octobre à l’hôtel Westin Harbour Castle à Toronto. Trois jours d’activités ponctués de conférences, d’ateliers, de l’assemblée générale et d’un grand spectacle de clôture au Théâtre Sony pour célébrer les 400 ans de présence française en Ontario. Le maître de cérémonie tout au long du Grand rassemblement était le conteur, auteur et comédien franco-ontarien Stéphane Guertin.
Le rassemblement revêtait cette fois-ci une importance particulière avec la validation du nouveau plan stratégique communautaire de l’Ontario français. « C’est une occasion unique pour commencer l’appropriation de ce nouveau plan avec ses axes de développement et identifier les nouveaux mécanismes à mettre en place pour continuer à faire vivre l’Ontario français pour les 400 prochaines années », expliquait le président de l’AFO, Denis Vaillancourt.
La première journée a plutôt été chargée pour les délégués avec une invitation au déjeuner d’affaires du Club canadien de Toronto pour y entendre l’ambassadeur de France au Canada, Nicolas Chapuis. Il a traité des défis de la langue française dans la nouvelle économie internationale et du fait que les nouvelles possibilités technologiques, qui ont transformé l’ensemble des secteurs de l’économie en accélérant la mondialisation, sont également des opportunités inédites pour le rayonnement de la langue française menacée d’érosion depuis plusieurs décennies.
Un sujet des plus intéressants qui a été repris en soirée lors du Grand débat animée par l’animatrice de TFO, Gisèle Quenneville. Le thème : La place de la francophonie ontarienne à l’échelle internationale. Les panélistes étaient Nicolas Chapuis, François Boileau (commissaire aux services en français de l’Ontario), l’historien Serge Dupuis et la gestionnaire et ex présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne, Marie-France Kenny.
M. Chapuis, conférencier d’honneur pour l’occasion, a entamé son discours en indiquant que le français est la cinquième langue la plus parlée dans le monde. « Les Franco-Ontariens doivent viser l’objectif de faire de l’Ontario une province officiellement bilingue lors du 150e anniversaire de la Confédération canadienne en 2017, dit-il. Ce statut de province officiellement bilingue pourrait ensuite permettre à l’Ontario d’obtenir un siège à l’Organisation internationale de la francophonie, aux côtés du Québec et du Nouveau-Brunswick au sein de la délégation canadienne. »
Les thèmes traités durant ce débat des plus intéressants étaient, entre autres, l’économie, la francophonie internationale, l’éducation et l’immigration. Mais l’Afrique et le numérique ressortent comme deux enjeux majeurs pour l’avenir de la francophonie, a souligné M. Chapuis.
L’Afrique devrait être le continent affichant la croissance la plus forte d’ici 2050, avec près de 750 millions de personnes capables de s’exprimer en français dans le monde.
« L’éducation numérique permet de désenclaver des communautés, ajoute l’ambassadeur de France. J’ai découvert depuis mon arrivée ici quatre francophonies dans ce pays. La première est le Québec, la seconde est l’Acadie, la troisième est la francophonie des minorités, c’est-à-dire les Franco-
Ontariens, les Franco-Manitobains, les Franco-Albertains, etc. Puis la quatrième francophonie, qui compte près d’un demi-million de personnes, sont les francophones de l’immersion (les anglophones qui apprennent le français). L’enjeu est de créer des ponts entre eux pour qu’ils puissent travailler ensemble dans un monde où le plurilinguisme arrive. »
En ce qui a trait à l’immigration, le commissaire aux services en français de l’Ontario, François Boileau, a rappelé que dans le Grand Toronto, un francophone sur deux était né à l’extérieur du pays, insistant ainsi sur l’apport de l’immigration francophone dans la Ville-reine. Marie-France Kenny indique qu’il faudrait une stratégie fédérale, provinciale et territoriale pour augmenter le nombre d’immigrants francophones en Ontario. « Nous sommes à peine à
2 % », dit-elle, faisant valoir que la province est encore bien loin de son objectif de 5 % d’immigrants francophones. Bref, une discussion de deux heures au cours de laquelle les participants ont fait éclore de nouveaux questionnements par rapport au travail immense qui reste à faire pour la prospérité de la francophonie ontarienne.
Photo: De gauche à droite : l’historien Serge Dupuis, le commissaire François Boileau, l’animatrice Gisèle Quenneville, l’ambassadeur Nicolas Chapuis et la gestionnaire Marie-France Kenny