La situation des femmes fait du chemin dans Windsor-Essex

Après quatre années de travail au sein du Réseau-femmes, Elisabeth Brito a donné une nouvelle orientation à sa carrière et est maintenant à l’emploi d’une agence fédérale. Selon elle, la situation des femmes dans la région, notamment aux chapitres de la violence conjugale et sexuelle, a sensiblement progressé.

« Tout d’abord, il y a des changements dans la société en tant que telle, dit-elle. Le fait de s’ouvrir, de briser le silence, aide. Il y a encore beaucoup à faire mais la société est de plus en plus ouverte à écouter ».

Selon Mme Brito, cette ouverture relativement récente a encore besoin de définir les moyens par lesquels elle peut intervenir efficacement. Par exemple, sur le plan de la dénonciation des actes de violence, « il y a toujours la question du jugement des autres qui nous interpelle. Bien que ce soit moins toléré par la société, il y a toujours ce regard qui semble dire qu’est-ce que tu as fait pour que cela t’arrive? ».

Mme Brito rappelle que sur le plan juridique, dans des cas semblables, c’est à la victime que revient le fardeau de faire la preuve qu’elle a été victime de violence, l’agresseur étant présumé innocent jusqu’à ce qu’il soit reconnu coupable. « Étant donné que dans plus de 80 % des cas, ce sont les hommes qui agressent, les femmes doivent faire la démonstration qu’elles ont été victimes d’actes de violence », ajoute-t-elle.

Heureusement, selon elle, le système de justice commence à changer : « Par exemple, avec la Loi 26, les victimes de violence conjugale ont maintenant droit à cinq journées de congé payées pour leur permettre de réagir. De plus, on peut même aller jusqu’à 15 jours de congé sans solde. » On comprend de plus en plus les différents impacts qui découlent de ces agissements au niveau économique mais également sur la santé mentale des victimes qui se retrouvent en état de traumatisme, dépression ou de dépendance à différentes substances.

Mme Brito note aussi qu’il s’est établi un climat de concertation et de collaboration entre les différents organismes de la région qui interviennent auprès des femmes et des familles.

La Ville de Windsor a maintenant une ligne confidentielle de dénonciation des agressions sexuelles, ce qui est une avancée notable, mentionne Mme Brito, en rappelant que l’agression n’a pas à être récente pour être rapportée.

« Non seulement l’enquête peut éventuellement mener à un procès et à une condamnation mais elle permettra aux policiers de connaître un peu mieux l’ampleur réelle de cette problématique. En parallèle, l’Université de Windsor a un programme de type Bystander visant les personnes qui seraient au courant ou témoin d’actes de violence afin qu’elles puissent intervenir. Certains programmes universitaires (droit, travail social) ont ce type de formation inscrit dans la description de la formation professionnelle. »

Si dans quelques années Mme Brito devait revenir un poste similaire à celui qu’elle vient de quitter, elle souhaiterait trouver davantage de groupes de soutien pour les femmes. « J’aimerais revenir dans un contexte où la législation serait changée, de façon à ce que ce ne soit plus à la victime de supporter le fardeau de la preuve. »

 

Photo : selon Mme Brito, la situation des femmes victimes de violence ou d’abus s’est quelque peu améliorée.