Dans les années 1820, François-Xavier Drouillard acquiert une portion de terrain en bordure de la rivière Détroit. Comme toutes celles de ses voisins, dont les Maisonvilles, sa terre est étroite mais très profonde. Dans certains cas, les parcelles pouvaient avoir jusqu’à un mille de longueur. Une quarantaine d’années après son installation, du côté est de l’actuelle rue Drouillard, de concert avec son voisin Maisonvilles, il cède les droits de passage pour la construction de ce qui deviendra la rue Drouillard et, plus tard, Ford City. À cette époque, ce qui deviendra Windsor est toujours à prédominance française.

L’arrivée de l’industrie automobile va changer complètement la jeune municipalité. D’agricole, elle devient rapidement industrielle et, peu à peu, les fermes sont remplacées par des usines, des quartiers ouvriers, etc. La culture des sols étant repoussée vers l’Est du canton, toujours plus loin. De nos jours, signe des temps, on voit se développer un peu partout des projets d’agriculture urbaine.

Selon Averil Parent, coordinatrice, Environnement et Développement durable à la Ville de Windsor, il y a une quinzaine de ces installations sur le territoire municipal dont environ la moitié se trouve sur des terres publiques. Le 23 juillet dernier, le Comité des jardins urbains s’est réuni pour approuver le projet de politique municipale dans ce domaine élaboré par Mme Parent.

« Il s’agira d’un guide de pratiques qui fixera les normes pour ce type d’installation en ville, explique-t-elle. Le Conseil devrait en prendre connaissance en août. Suivra une période de consultation au terme de laquelle le projet sera bonifié par les propositions des participants avant de retourner devant le Conseil pour approbation finale. Nous espérons que la politique sera en vigueur à compter de 2015. »

Photo : La représentante de Windsor et des membres du comité des jardins urbains en pleine conversation avec un des responsables.

Selon Mme Parent, le changement de garde au Conseil lors des prochaines élections ne devrait en rien retarder l’adoption de la politique puisque ce projet n’implique presque aucun engagement financier de la part des autorités municipales. « De plus, c’est une idée d’engagement communautaire propre à resserrer les liens dans les quartiers », ajoute-t-elle.
Le jardin actuel n’est pas très grand, soit l’équivalent d’un lot régulier pour la construction d’une maison. Il est déjà utilisé à 100 % et les responsables ont commencé à aménager un autre lot, juste en face, de l’autre côté de la rue. Dans une petite mesure, la vieille terre des Drouillard retrouve donc sa vocation originale, ce qui n’aurait certainement pas déplu au patriarche qui non seulement a laissé son nom à une rue mais également donné un terrain où a été érigé une église, aujourd’hui abandonnée.

Quant aux jardins urbains, la tendance est déjà bien engagée. Comme Windsor souhaite se départir de l’entretien de certaines de ses ruelles, il ne faudrait pas se surprendre de voir apparaître de tels espaces maraîchers dans différentes anciennes ruelles dans les années à venir. Ailleurs, certaines de ces voies de service entre les rangées de maisons ont également été transformées en terrains de jeu ou en petits parcs urbains dont les riverains assurent l’entretien et la gestion. Une idée à suivre.

Photo : La représentante de Windsor et des membres du comité des jardins urbains en pleine conversation avec un des responsables.