Pour ceux qui utilisent un téléphone intelligent ou une tablette pour écrire, l’exposition temporaire Cursive Writing – Reading and Writing the Old School Way offerte au musée communautaire Chimczuk sera un choc.

En effet, pour ceux qui utilisent simplement leurs pouces pour taper des messages, découvrir qu’il fut un temps où on se servait d’une plume d’oie trempée dans un encrier pour rédiger des lettres ou encore inscrire des chiffres dans des livres comptables sera un véritable voyage dans le temps.

Pas trop loin en arrière tout de même puisque l’exposition couvre surtout la période pré-moderne, jusqu’à l’introduction des dactylos. Historiquement, on évalue que l’écriture, comme mode de pérennisation des pensées ou échanges commerciaux, remonte à environ 3300 années avant notre ère, donc, plus de cinq millénaires avant nous. C’est dans les restes des temples des cités d’Uruk et de Lagash (le Pays de Sumer, l’actuel Irak) que se retrouvent les premières traces d’écriture.

Les Sumériens utilisaient des roseaux taillés en pointe (les calames) pour tracer les signes sur des tablettes d’argile. L’apparition de l’écriture dans une région est souvent considérée comme la marque du passage entre la préhistoire et l’histoire.

L’exposition présentée au musée de Windsor ne couvre pas une si longue période de temps mais ramène le visiteur au milieu du XIXe siècle environ. La révolution industrielle est définitivement sur les rails et l’on commence à accumuler les documents de toutes natures. Les gens sont un peu plus instruits également et s’écrivent plus souvent.

Certains n’ont aucune formation scolaire et doivent requérir aux services d’un écrivain public pour faire parvenir des nouvelles à des parents ou des amis éloignés. Le développement des transports permet également de donner ou de recevoir des nouvelles plus rapidement qu’auparavant alors qu’il n’était pas rare de voir une lettre prendre plusieurs semaines, parfois des mois, pour atteindre son destinataire.

L’écriture cursive, dans la forme que l’on connaît aujourd’hui, a bénéficié des échanges entre les nations composant l’Empire britanique pour se propager et devenir le standard à utiliser en affaires aussi bien que dans des échanges personnels.

Au milieu des années 1800, Platt Rogers Spencer, abolitionniste et comptable a mis au point la méthode Spencérienne (Spencerian Method). En gros, il s’agissait pour les élèves de former des caractères bouclés entre des lignes horizontales. Au début, l’apprentissage se faisait sur des tableaux noirs mais les cahiers lignés ont éventuellement remplacés. Les modèles idéaux de lettres construites de cette manière étaient affichés dans les classes où les élèves s’affairaient à les reproduire le plus exactement possible.

L’arrivée et la popularité croissante des machines à écrire a entraîné la lente retraite de l’écriture cursive et, depuis le début des années 1980, les élèves reçoivent de moins en moins d’enseignement à cet égard. À une époque, l’on enseignait à peu près uniquement l’écriture en lettres d’imprimerie. De nos jours, les élèves ont accès aux deux formes d’écriture mais, la tendance lourde est en faveur de l’écriture sur des claviers virtuels.

Le débat contemporain entre l’écriture cursive et celle sur clavier met en présence ceux qui considèrent que de savoir écrire sur une feuille de papier permet d’apprendre et de lire plus rapidement mais, également, de mieux retenir l’information et ceux qui croient que connaître le mode d’écriture en caractères d’imprimerie donne le même résultat.