Joe Comartin est né en 1947, à Pointe-aux-Roches, d’un père francophone et d’une mère irlandaise. Une famille typique dans la région avec huit enfants. Jusqu’à l’âge de 16 ans, il jongle avec l’idée de devenir prêtre. « Dans le temps, les familles étaient censées réserver un de leurs fils pour la prêtrise », dit-il, en se rappelant, avec un sourire, que son questionnement a trouvé sa réponse à partir du moment où il a découvert « les jeunes femmes de son âge ».
Dès lors, il sait ce qu’il veut faire de sa vie : devenir député au Parlement fédéral. Il adhère au Nouveau Parti démocratique (NPD) en 1969 tout en poursuivant une carrière d’avocat syndical.
Au moment du déclenchement des prochaines élections en 2015, il raccrochera ses chapeaux de député de Windsor-Tecumseh et de vice-président de la Chambre des Communes après 14 ans d’engagement politique intense. Notre journaliste Daniel Richard l’a rencontré lors de son passage à l’école secondaire l’Essor.
(D.R.) Comment se sent-on à quelques mois de la retraite?
(J.C.) Très bien, même si j’ai une petite inquiétude pour la suite des choses. D’un côté, c’est clair que mon épouse et moi voulons voyager, notamment en Europe. L’Irlande serait une première destination et, par la suite, le sud-est de l’Europe. Je pense à l’Italie et à la Grèce notamment. Nous désirons également voyager au Canada et passer pas mal de temps avec les petits-enfants. Par ailleurs, j’aimerais bien pouvoir contribuer à l’avancement de la région. Le problème de l’emploi est encore bien réel. Je veux donc travailler sur cette problématique. J’aimerais également donner quelques cours à l’Université de Windsor et, si je pouvais, je serais ravi de mettre mes connaissances et mon expérience au service du développement économique dans la région.
(D.R.) Demeurez-vous actif au sein du NPD?
(J.C.) « Je ne crois pas aux petits engagements mais, d’un autre côté, je ne voudrais pas que les gens croient que je continue à orienter l’organisation locale après mon départ. D’ici là, je suis engagé dans notre recherche de candidats qui se présenteront à l’assemblée de nomination qui pourrait se tenir au mois de mars. Nous avons fait une recherche intensive pour dénicher des candidats intéressants et, présentement, nous en avons trois. Lorsque l’assemblée de nomination aura fait son choix, j’entends bien travailler avec la personne choisie pour lui transférer les dossiers et l’introduire dans le réseau de mes contacts. Je ferai probablement du porte-à-porte avec elle. Je crois dans ce contact direct avec les électeurs. À chacune de mes campagnes, j’étais probablement celui qui en faisait le plus.
(D.R.) Auriez-vous l’impression d’être parti trop tôt si le NPD devait former le prochain gouvernement?
(J.C.) Je suis prêt à partir. J’ai 67 ans. J’ai toujours dit que tant que j’aurai la santé et la passion, je continuerai. Ma santé est excellente mais, au terme de la réflexion sérieuse que j’ai faite, lorsque j’ai arrêté ma décision, je me suis senti soulagé. On verra si l’élection conduit à un gouvernement NPD mais, d’ici là, je suis en paix avec mon choix.
(D.R.) De quoi êtes-vous le plus fier dans votre carrière politique?
(J.C.) C’est d’avoir été honoré par mes collègues pour ma capacité à discuter avec les gens de tous les partis. C’est quelque chose d’être ainsi considéré par ses pairs. J’ai été privilégié de rencontrer des gens exceptionnels au cours de ma carrière dont Nelson Mandela et plusieurs éminents citoyens canadiens dont David Suzuki.
(D.R.) Quelle est la qualité essentielle pour se lancer en politique?
(J.C.) Il faut avoir une vision de ce que l’on veut faire et pourquoi. J’ai des confrères avocats qui ont eu une carrière fructueuse, mais qui ne sont pas réellement satisfaits du tour qu’a pris leur vie, des résultats obtenus. Entre la passion et la vision, la vision l’emporte en fin de compte. Sans vision, on risque d’éparpiller ses efforts, de mal choisir ses priorités.
Joe Comartin quittera la vie politique avec le sentiment d’avoir fait de son mieux et d’avoir travaillé fort pour défendre les causes qui touchent « les gens ordinaires » aussi bien que pour des enjeux plus vastes comme celui de l’environnement.
Photo : Joe Comartin croit que la qualité nécessaire en politique est d’avoir une vision de ce que l’on veut faire.