La rencontre virtuelle du public avec certains des auteurs francophones présents lors du Festival du livre de Windsor a tenu toutes ses promesses. En effet cette « croisée des chemins racontés », thématique de l’événement, a été une occasion originale d’échanges d’auteurs aux talents et sensibilités multiples tels que Naima Oukerfellah, Biz Fréchette ou encore Gabriel Osson.
Giselle Hinch, modératrice et animatrice de la soirée, a animé les débats d’un intervenant à l’autre, avec toujours en filigrane le souci de mettre l’accent des histoires et expériences racontées par ces auteurs sous le prisme francophone.
Cadillac
Le roman Cadillac de Biz Fréchette, écrivain et musicien québécois plonge le lecteur dans un véritable « roadtrip autour du double symbole de la représentation de l’automobile en Amérique du Nord et l’histoire du continent américain avec un grand A ». En effet, si la marque Cadillac est connue de tout un chacun, le baron Antoine de Lamothe-Cadillac, fondateur de la ville de Detroit et gouverneur de Louisiane est un personnage moins connu.
C’est donc avec beaucoup de passion et de verve que Biz Fréchette a raconté l’histoire de « Déreck, ancien joueur de hockey qui avait été repêché par l’équipe des Red Wings, contraint à prendre sa retraite avant son premier match en raison d’une blessure au genou.
Ayant récemment perdu son grand-père, sa conjointe lui annonce l’arrivée d’un heureux évènement. Devenu vendeur automobile chez un concessionnaire Cadillac, brisé et hanté par cette carrière inaboutie, il fera la découverte fortuite d’un lien de parenté avec Antoine de Lamothe-Cadillac et entamera un véritable pèlerinage en direction de Detroit sur les traces de cet aïeul, de sa propre histoire, de celle des peuples autochtones de la région, et finalement de l’Amérique dans toute sa diversité et richesse ».
Ici, c’est différent de là-bas
Dans un tout autre genre et s’adressant à un lectorat plus jeune, les 6-8 ans, Naima Oukerfellah, au sein de son roman Ici, c’est différent de là-bas, brosse le portrait rafraîchissant et dépaysant de Souad, jeune Marocaine qui arrive au Québec pour y retrouver ses parents installés à Montréal.
Sous la forme d’un journal qui serait tenu par l’héroïne, elle note minutieusement ses impressions en découvrant ce nouveau monde. Le lecteur vit, avec malice et très souvent le sourire aux lèvres, les déconvenues et le choc culturel de l’immigration.
Souad découvrira ainsi « la joie d’avoir l’eau courante et l’électricité, le bonheur de nouvelles amitiés en terre québécoise, mais également l’intolérance et la crainte d’une perte d’identité », s’est amusée à souligner Naima.
Récit attachant et véritable hymne à la vie et à la diversité, ce roman est le témoignage de la propre existence de l’auteure. En effet, l’enfance de Naima Oukerfellah, native d’Algérie, a été bercée par les contes et les chants traditionnels kabyles.
En grandissant, elle se met tout naturellement à l’écriture, créant ses propres fictions et perpétuant à sa façon la tradition ancestrale.
D’ici et d’ailleurs
« La crainte de l’acculturation et la nécessité d’être en résistance linguistique sont des réalités et des défis permanents », comme l’a souligné l’essayiste, musicien et artiste-peintre Gabriel Osson.
Dans son recueil de poèmes intitulé D’ici et d’ailleurs, il dépeint avec force la dualité nécessaire de la transmission de la mémoire et des perspectives, « il faut savoir d’où l’on vient pour savoir où l’on va ». L’auteur y célèbre les origines et la richesse de la société multiculturelle canadienne, étant lui-même canadien d’origine haïtienne.
Écrivain engagé, président de l’Association des auteures et auteurs de l’Ontario français, mordu des mots, Gabriel Osson fait encore une fois dans cette œuvre la démonstration de tous ses talents, en cherchant toujours à magnifier la langue française.
Un bien bon moment que cette soirée francophone de l’édition 2021 du Festival du livre de Windsor!
SOURCE – Stéphane Lucky