Le musée communautaire Chimczuk présente ces jours-ci une exposition un peu déroutante intitulée Material Culture, The Things We Make To Live dans sa deuxième salle réservée pour les productions temporaires.
L’exposition propose différentes pièces pouvant aller d’une réplique de l’ancre de pierre traditionnellement utilisée par les pêcheurs en Norvège jusqu’à la reproduction, à l’échelle, de l’entrée d’une forteresse du XVIIIe siècle telle qu’on les concevait en Sibérie à l’époque. En bref donc, Material Culture, The Things We Make To Live parle des solutions trouvées par les habitants des pays nordiques pour répondre à des environnements et des besoins précis.
Ce concept de culture matérielle remonte aux années 1960. Il s’agissait, à l’époque, de faire converger de nombreuses problématiques (production, consommation, comportements) en s’appuyant sur un ensemble de champs de recherches : archéologie, histoire, anthropologie, ergonomie etc. On dit souvent que l’histoire telle que nous la connaissons est celle des puissants, des riches et des vainqueurs. Or, l’approche utilisée pour définir la culture matérielle a été de s’intéresser aux choses (outils, moyens de transport, habitations, etc.) conçues et produites par les autres, ceux qui avaient peu de moyens et devaient se débrouiller avec ce qu’ils trouvaient autour d’eux.
Vue dans cette perspective, l’exposition présentée au Chimczuk atteint cet objectif en regard des régions plus nordiques. Par exemple, au Canada, un des tableaux concerne les maisons longues des Iroquois. Les premiers Européens arrivés en Nouvelle-France ont rapidement découvert que ces Autochtones avaient, au fil des siècles, mis au point une forme d’habitation et d’organisation du village propres à assurer le meilleur confort possible et la sécurité grâce à une palissade contre les tribus hostiles ou les animaux sauvages, tout en étant à proximité des champs. Cela a été documenté entre autres par les Jésuites. Ainsi, les descriptions des maisons, des outils pour cultiver, des armes et des espaces pour engranger les récoltes permettent d’avoir une idée assez précise de la vie au quotidien dans les années 1600. D’ailleurs, les touristes peuvent visiter de tels villages reconstitués.
D’un tableau à l’autre, on se promène donc autour du cercle polaire : Canada, Sibérie, Norvège et États-Unis. En Sibérie, la yourte faite de billots illustre le fait que ceux qu’on appelait les Altay sont passés du semi-nomadisme au sédentarisme aux XVIIIe et XIXe siècles. Ils ont transformé la yourte mongole, faite de peaux et pouvant être montée et désinstallée à volonté, en une habitation plus solide, conçue pour rester en place. Ailleurs en Sibérie, certains ont opté pour un habitat à moitié sous terre pouvant abriter plusieurs familles à la fois à l’instar des maisons longues des Iroquois qu’ils n’ont jamais côtoyés.
L’exposition est déroutante en ce sens qu’elle ne présente que des objets ou bâtiments liés au quotidien des gens ordinaires de différents pays. Il y manque certainement, pour ceux qui la visitent sans guide, une définition du concept de culture matérielle et un fil d’Ariane entre les tableaux. Par contre, pour les visiteurs qui vivent dans les contrées nordiques, ces objets et illustrations sont étrangement familiers. Obligés de vivre dans des environnements relativement similaires, les différents peuples ont trouvé des solutions qui se ressemblent malgré les distances.
PHOTO: Material Culture, The Things We Make To Live parle des solutions trouvées par les habitants des pays nordiques pour répondre à des environnements et des besoins précis.