On a déjà dit que l’âme magnifique et complexe de Mozart se lisait dans chaque caresse de sa plume sur une portée ou que « sa musique brisait nos masques pour sonder nos âmes ». Cela ressort clairement dans La Conjuration Mozart, roman de Matt Rees, traduit par Carole Delporte et publié aux Éditions City, à Paris.

Maître et virtuose à Vienne, Mozart est aussi un franc-maçon qui évolue dans des hautes sphères mêlant politique, art, science, philosophie et intrigues de pouvoir. À 35 ans, il annonce à sa femme qu’il est certain d’avoir été empoisonné. Il meurt six semaines plus tard, le 5 décembre 1971. 

Quand la sœur de Wolfgang, Maria Anna, apprend le décès de son petit frère, on lui dit qu’il est décédé d’une banale fièvre. « Tout dans l’existence de Mozart avait été extraordinaire. Et l’on me demandait d’accepter la banalité de sa mort? » Non! Maria Anna ou Nannerl décide de faire enquête (Nannerl signifie Petite Nanna en allemand).

Elle découvre que son frère a laissé une mystérieuse note manuscrite, une énigme cryptée. Comme Mozart semblait redouter de puissants ennemis complotant dans l’ombre des salles de bals et les bureaux feutrés d’hommes politiques prussiens, Nannerl interroge un baron, un prince et des artistes qui l’ont bien connu.

La Conjuration Mozart devient un roman policier où on découvre que « La Flûte enchantée incarne la foi de Wolfgang en l’égalité et l’amour fraternel ». Grand admirateur des philosophes des Lumières, Mozart s’opposait à toute hiérarchie dans l’Église et l’État. « Il jugeait chaque personne à l’aune de son talent et sa personnalité – riche ou pauvre, homme ou femme. »  

L’auteur nous apprend que « la musique de Mozart était truffée de secrets maçonniques, que tout le monde pouvait identifier. Même ceux qui ne sont pas des initiés ». Franc-Maçon, Mozart se proposait de fonder une loge où les femmes seraient admises, ce qui constituait une violation des règles de la fraternité et encourait des risques inconsidérés.

Selon Matt Rees, c’est le poison acqua toffano – un mélange d’arsenic, belladone et plomb, sans couleur et saveur – qui a fait disparaître le maestro. Et selon le prince Lichnowsky, « Wolfgang était tellement en avance sur son temps. […] On pourrait même dire qu’il était trop grand pour nous. C’est pourquoi il est mort… pour entrer dans un paradis à sa mesure ».

La Conjuration Mozart est structuré comme une composition musicale, comme la « sonate en la mineur (K310) ». Le troublant allegro maestoso correspond à l’acte 1 où Nannerl apprend la mort de son frère. L’andante cantabile con espressione constitue l’acte II où Nannerl explore Vienne pour découvrir la cause de la mort de son frère. L’acte III est le mouvement presto final où la vérité est dévoilée. Matt Rees a écrit un roman policier en la mineur.

Je ne peux m’empêcher de soulever un bémol. Je soupçonne Éditions City d’avoir publié ce roman en vitesse, sans réviser la traduction. Autrement, comment expliquer qu’il y ait au moins 26 fautes ou coquilles (des mots de trop, des mots mal épelés, un verbe mal accordé et j’en passe)?