Originaire de Rivière-aux-Canards, Marcel Bénéteau avoue que sa carrière n’est pas exactement une ligne droite. « J’ai fait différentes choses avant de retourner étudier pour compléter mon baccalauréat à presque 40 ans, dit-il. J’ai continué jusqu’au doctorat ». Auparavant, il avait travaillé chez General Motors pendant une dizaine d’années.

Aujourd’hui à la retraite, M. Bénéteau était de passage dans la région il y a une dizaine de jours notamment pour participer à la rencontre Rendez-Vous qui s’est déroulée le 10 septembre à l’église Sainte-Anne de Détroit.

La veille, il avait présenté un tour de chant à la chapelle du Rosaire, également appelée chapelle Assomption. Il a commencé à jouer de la guitare à l’âge de 13 ans et, avec son frère, il lui arrivait d’être invité à participer à des événements francophones.

« Mais, je n’avais pas vraiment de répertoire, se rappelle-t-il. On jouait donc ce qui était dans l’air du temps, du country, du folk, du Motown. »

À un moment donné, Paulette Richer, de Radio-Canada, l’avait invité à monter un tour de chant à partir du répertoire de chanteurs québécois tels que Richard Séguin, mais, son frère et lui ne se voyaient pas dans ce type de répertoire.

« J’avais commencé à ramasser des chansons et j’ai vu qu’il y avait une richesse incroyable dans la région, raconte-t-il. Cependant, en raison de l’environnement anglophone et du phénomène d’assimilation, seules les personnes plus âgées avaient encore en mémoire ou transcrites dans un cahier, les paroles de ces chansons. »

Il enregistre donc certaines chansons. Pour celles qui sont seulement écrites, il va falloir effectuer des recherches pour retrouver la mélodie.

Au fil du temps et avec beaucoup de patience, il a ainsi fini par constituer un corpus de quelque 2000 chansons. Cela aura été le sujet de sa thèse de doctorat. Comme il ne voulait pas que tout ce matériel finisse par amasser de la poussière dans un fonds d’archives, il s’est mis à les enregistrer en tentant, autant que possible, de rester fidèle à l’esprit original.

C’est ainsi que Marcel Bénéteau, qui compte trois disques à son actif, a facilement conquis son auditoire d’une cinquantaine de personnes réunies dans la petite chapelle historique.

Comme il le souligne d’entrée de jeu, « les Canadiens français n’ont pas vraiment écrit beaucoup de chansons. Ils avaient apporté celles de France qu’ils ont adaptées à leur manière en changeant des mots ou en modifiant l’air ». Malgré tout, il y en a quelques-unes qui ont été composées ici.

Quant au type de chansons, « la majorité raconte des histoires, des complaintes, des ballades ». Fait intéressant, si au Québec on identifie folklore avec les chansons à répondre, chez les personnes que Marcel Bénéteau a rencontrées au cours de ses recherches, ce n’était pas le cas. Il fallait leur expliquer de quoi il s’agissait, mais cela ne faisait pas partie des airs transmis d’une génération à l’autre même si on les chantait lors des rencontres.

C’est donc dans ce vaste répertoire que les pièces présentées lors du récital ont été puisées pour le plus grand plaisir des spectateurs qui pouvaient s’y identifier aisément d’autant plus que la simplicité architecturale et la sonorité de la chapelle contribuaient à créer un moment unique.

Photo :  Marcel Bénéteau a captivé son auditoire.