Le 19 août 1942, les milliers d’hommes entassés dans les barges de débarquement ignorent que les Allemands retranchés à Dieppe ont maintenant connaissance de leur arrivée imminente sur la plage. En effet, leur flottille a été détectée au large et des dispositions ont été prises pour littéralement bloquer les accès et repousser les attaquants dont la majorité sont des Canadiens.

Pour ces Canadiens, c’est la première véritable expérience du combat, à tel point qu’un haut responsable britannique va proposer de repousser l’opération afin de leur donner plus de temps pour s’entraîner. L’ordre de débarquer est finalement donné et le résultat final est désastreux pour les quelque 6 000 soldats, pilotes et marins dont près de 5 000 étaient des Canadiens et, de ce groupe, 553 provenaient du Essex Scottish Regiment. 121 vont y perdre la vie, 404 passeront le reste de la guerre dans des camps laissant une poignée d’hommes qui ont réussi à en revenir, certains blessés.

Parmi eux, on retrouve des noms de familles francophones : H. Grondin et M. Cloutier pour en citer deux qui apparaissent sur une partie de la liste des soldats morts au combat affichée au parc Dieppe le 19 août dernier.

Au moment du débarquement, entre 5 h et 10 h 30 dans la matinée, ce sera une véritable hécatombe et l’ordre d’évacuation finira par arriver en début d’après-midi.

Soixante-quinze ans plus tard à Windsor, à 13 h exactement, la cérémonie de commémoration s’amorçait au son des cornemuses du Essex and Kent Scottish Regiment Pipe Band devant un parterre d’une centaine de personnes dont des membres de la famille Rivait qui a perdu deux fils lors du raid : Léon Maxime et Alphonse Cecil. Le troisième frère, Raymond passera le reste du conflit dans un camp au nord de Berlin. La famille va perdre un autre fils (Lawrence) en 1944 lors de la campagne en Hollande.

C’est dans une atmosphère lourde d’histoire et d’émotion que la cérémonie protocolaire s’est déroulée alors que les officiels repassaient le déroulement de cette journée au cours de laquelle 900 hommes sont morts en quelques heures. Pour les résidents de la région, en 1942, le choc a été brutal puisque la plupart des gens pouvaient mettre des visages sur les noms qui étaient dévoilés par les forces armées. Longtemps considéré comme une opération entièrement ratée et trop coûteuse en vies humaines, le raid et ses retombées sont de plus en plus perçus comme une opération qui a permis d’éviter un désastre lors du débarquement du 6 juin 1944, en plus de permettre de rapporter certaines composantes des radars allemands.

Si le devoir de mémoire est préservé par les descendants des soldats et par les vétérans, par contre, pour les personnes qui se promenaient dans le parc en ce début d’après-midi ensoleillé, il n’y avait qu’une simple curiosité par rapport au rassemblement de vétérans.

Photos : le Essex and Kent Scottish Regiment Pipe Band à l’attention devant le monument (en haut).
La région a une longue et riche histoire militaire et les vétérans y sont très respectés (ci-contre).