« Projet itinérant, projet rassembleur, participatif. C’est un bon projet interactif » : telle est la définition de l’exposition S’affranchir! Art postal au XXIe siècle que donne Chantal Leblanc, commissaire régional de l’exposition et présidente de BRAVO-Sud.
Lors de l’annonce des compressions dans les livraisons à domicile de Poste Canada, le groupe d’artistes franco-ontariens de BRAVO a saisi l’occasion pour imaginer cette exposition et s’exprimer à travers de l’Art postal.
Plus vraiment présent sur la scène artistique contemporaine, l’Art postal a pourtant vécu des beaux jours notamment par l’entremise des artistes dadaïstes et surréalistes. Ces derniers se l’approprieront pour souligner l’importance des rapports humains et de l’art au quotidien tout en déjouant le système aliénant de la société.
Si l’Art postal est d’abord né en réaction à l’écriture comme « support mort », ne reflétant pas l’apparence de la vie, il revient dans nos temps modernes en opposition au numérique, vu comme une copie de cette écriture, figée et froide.
« On voulait faire quelque chose, pas nécessairement pour répliquer, mais plutôt pour s’exprimer à travers cette forme d’art. Mais aussi penser que l’ère numérique a une incidence sur la création de l’art », explique Mme Leblanc.
L’artiste a imaginé pour l’occasion l’œuvre En vrai de vrai! Ce clavier d’ordinateur en couleurs est une réponse au bouton « Envoyer » et sa simplicité. « J’ai littéralement posté un clavier de mes impressions en couleurs », dit-elle.
Il faut noter que l’Art postal a des règles claires. Les œuvres doivent être envoyées telles qu’elles seront affichées. Aux artistes de trouver des combines et de marchander auprès de la poste pour envoyer leurs œuvres. Et si impasse il y a, seuls les emballages plastiques sont acceptés et deviennent alors partie intégrante de l’œuvre. Tout comme les timbres qui se sont accumulés au fil des voyages de l’exposition qui se termine à Chatham, ainsi que les marques laissées par le transport.
Les œuvres des 24 artistes affichées à la galerie Thames de Chatham sont toutes accompagnées d’une vidéo explicative sur le processus de création. « C’est la chance d’aller dans une galerie et d’avoir une explication », observe Chantal Leblanc.
« Tous les artistes s’expriment de façon très diverse sur le numérique, chacun avec ses références et ses interprétations », note le sculpteur Luc Bihan qui, pour l’occasion, a réalisé une vidéo sur le thème de la télépathie. L’artiste Soro Zana propose une œuvre mixte sur l’expression de la connaissance africaine et sa transmission au fil des générations.
Le dessinateur Paul Walty, lui, a décidé de jouer avec la probabilité de la perte de l’œuvre en proposant trois enveloppes créatives.
L’Art postal et son exposition est ouverte gratuitement du lundi au vendredi, de 9 h à 17 h jusqu’au 5 mars à la galerie Thames située au 75, rue William Nord à Chatham.
Laurence Stenvot