Ce n’est pas d’hier que l’on discute de l’éducation supérieure en français en Ontario. Déjà, en 1940, le sujet était dans l’air. L’idée, sans tomber dans l’oubli, fut mise de côté pendant un demi-siècle. Au tournant des années 1990, au plus fort de la lutte pour l’obtention d’écoles françaises dans la province, la notion de voir un jour les Franco-Ontariens recevoir une éducation en français de la maternelle à l’université a refait surface. En 2009, on en a fait une priorité et en 2012, sous l’impulsion des étudiants eux-mêmes, le milieu s’est engagé dans une vaste réflexion en vue de la tenue, vraisemblablement au printemps 2014, d’États généraux sur le postsecondaire en Ontario français.
Un tel sommet ne s’improvise pas. C’est pourquoi depuis le 19 octobre dernier, une vaste consultation s’est mise en branle à l’initiative du Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO). La tournée a débuté à Timmins avant de se déplacer à Sudbury et Toronto pour se compléter à Ottawa à la fin du mois de novembre. Le 17 novembre dernier, c’était au tour de la communauté de la région de Windsor de se prononcer sur la question lors d’une rencontre tenue à Place Concorde.
Une trentaine de personnes ont participé à cette consultation. Cinq sujets étaient à l’ordre du jour : l’histoire et l’évolution de l’éducation en langue française, les institutions et leur financement, l’accès aux programmes postsecondaires en français, les niveaux de scolarité des Franco-Ontariens, la rétention entre le secondaire et le postsecondaire français et, finalement, la gouvernance par et pour les francophones. Une sixième section présentait la situation actuelle de ce type d’enseignement dans le Sud-Ouest ontarien.
« Sur le plan du postsecondaire en français, aucun campus ne dessert la région. Certains cours collégiaux sont toutefois offerts aux Centres d’accès à distance du Collège Boréal à Windsor, Leamington, London, Niagara et Hamilton. La Faculté d’Éducation de l’Université d’Ottawa offre également son baccalauréat en éducation d’un an à Windsor », peut-on lire dans le cahier du participant. Pour Geneviève Latour, coprésidente du Comité encadreur des États généraux, le moment est venu de passer à une autre étape. « On a maintenant des conseils scolaires francophones, gérés et dirigés par des francophones; on a des institutions de niveau collégial francophones et il nous faut maintenant travailler à mettre en place une université francophone en Ontario », poursuit-elle.
Pour sa part, la ministre déléguée aux Affaires francophones, Madeleine Meilleur, « rêve de voir s’installer une université francophone à Toronto ». Le Comité encadreur, cohérent avec le processus de consultation n’émet pas d’opinion sur le sujet. « La forme finale que nous aimerions voir n’est pas encore définie. Le campus torontois est une option tout comme le modèle du réseau des Universités du Québec en est un autre ». Le concept d’un collège universitaire, semblable à celui de l’Université Saint-Boniface au Manitoba pourrait également s’avérer la voie de l’avenir selon certains. Dans ce modèle, l’un des établissements collégiaux francophones ontariens pourrait étendre son offre en offrant des diplômes de baccalauréat et de maîtrise.
Pour François Boileau, commissaire aux services en français de l’Ontario, l’avenir du fait français dans la province passe par la création d’un lieu où les étudiants francophones pourraient faire tout son parcours académique dans leur langue en Ontario. Les États généraux sont prévus pour le printemps 2014.