D’ici la rentrée 2026, l’Université de Windsor lancera un programme en Sciences sociales en français en partenariat avec l’Université d’Ottawa. Depuis cette année, la Faculté de droit propose aussi des cours de maîtrise en français. Un projet ambitieux soutenu par une initiative collective de professeurs francophones.

Chrismène Dorme – IJL

L’Université de Windsor (UdeW) prend des mesures audacieuses pour répondre à la demande croissante d’un enseignement en français dans le sud-ouest de l’Ontario. Selon Emmanuelle Richez, professeure agrégée du département des Sciences politiques, l’UdeW cherche à répondre aux besoins particuliers des étudiants bilingues. « Nous avons observé qu’un nombre important d’étudiants choisissent l’Université d’Ottawa pour leur semestre à l’étranger. Cela nous a poussés à diversifier notre offre en français », précise-t-elle.

La Faculté de droit a ainsi lancé, en collaboration avec l’Université d’Ottawa, deux cours de maîtrise en français :  Introduction à la Common Law et Études approfondies en Common Law. Ces cours offrent aux étudiants une chance unique de maintenir et de perfectionner leur maîtrise du français. Mais cette initiative ne se limite pas au seul domaine juridique.

Le département des Sciences politiques a entrepris un autre projet ambitieux : la création d’un certificat en sciences sociales, prévu pour 2026. Ce programme, l’un des premiers à être proposé en français à l’UdeW, répond directement aux recommandations du rapport Blue Ribbon rédigé pour le gouvernement de l’Ontario. Ce rapport a souligné la nécessité de renforcer l’accès à des formations en français dans les universités de la province. L’Université d’Ottawa, en tant que chef de file, collabore étroitement avec l’UdeW afin de concevoir une offre éducative mieux adaptée aux besoins croissants de la communauté.

Plusieurs actions ont été lancées pour favoriser la visibilité de la francophonie sur le campus. Depuis la publication du mémoire des professeurs francophones et francophiles de l’Université, des initiatives telles que la création d’un club social francophone et l’organisation de journées portes ouvertes pour les écoles secondaires de langue française ont été mises en place.  

« Notre objectif est d’accroître la visibilité de la francophonie sur le campus et de permettre aux jeunes francophones de poursuivre leurs études en français sans avoir à partir loin de chez eux », ajoute la professeure Richez.

La région de Windsor, avec ses neuf écoles secondaires de langue française ou d’immersion française, présente un bassin important d’étudiants francophones. Les nouveaux programmes visent à combler un réel besoin local, notamment dans les secteurs où la maîtrise du français est un atout, comme dans l’enseignement ou les services gouvernementaux.

« Il existe une pénurie de professeurs francophones dans la région, et Windsor étant une ville désignée en vertu de la Loi sur les services en français, la province se doit d’offrir des services dans la langue de Molière », souligne-t-elle.

La création de ces programmes universitaires est également une réponse aux difficultés rencontrées par les jeunes francophones qui, faute d’options en français dans la région, doivent souvent quitter leur domicile familial pour étudier ailleurs. Cette initiative vise à démocratiser l’accès à une éducation postsecondaire en français, en réduisant les barrières économiques et géographiques.

L’Université mène également un recensement des étudiants francophones pour mieux adapter ses services et programmes à leurs besoins. Des projets de signalisation en français sur le campus, retraçant l’histoire francophone de l’institution, sont également en préparation.

« Nous voulons montrer qu’il existe une demande réelle pour ces programmes et, à terme, étendre notre offre », conclut Mme Richez.

Cependant, un chemin reste à parcourir pour parvenir à un véritable bilinguisme institutionnel. Une telle transition nécessiterait non seulement de franciser tous les services aux étudiants, mais aussi de permettre aux professeurs francophones de dispenser des cours en français au-delà des partenariats actuels avec l’Université d’Ottawa. Si cette ambition se concrétise, l’UdeW pourrait devenir un modèle d’intégration du français dans l’enseignement supérieur ontarien.

Photo : Emmanuelle Richez, professeure agrégée en Sciences politiques à l’UdeW (Crédit : journal Le Rempart)