Alexia Grousson
Le 1er juillet 1962 marque une date historique pour le Burundi : celle de son accession à l’indépendance après des décennies de domination coloniale européenne. Avant l’arrivée des puissances coloniales, le Burundi était un royaume monarchique traditionnel, dirigé par un roi, le mwami, qui incarnait à la fois l’autorité politique et spirituelle du peuple burundais.
À la fin du XIXe siècle, le pays tombe sous le joug de l’Allemagne. Mais à la suite de leur défaite lors de la Première Guerre mondiale, la Société des Nations transfère en 1919 l’administration du territoire du Ruanda-Urundi — correspondant aujourd’hui au Rwanda et au Burundi — à la Belgique.
Finalement, après plusieurs décennies de contrôle européen, le 1er juillet 1962, le Burundi devient officiellement un État indépendant reconnu par la communauté internationale en même temps que le Rwanda.
Soixante-trois ans plus tard, la communauté burundaise continue de faire vivre cette mémoire collective. Le 12 juillet, l’Association socioculturelle burundaise de Windsor a organisé une grande célébration pour marquer cet anniversaire historique. Bien que la date diffère légèrement de celle de l’indépendance, elle a été choisie stratégiquement pour accommoder un grand nombre de participants.
L’événement s’est tenu dans le gymnase du Collège Boréal, un espace suffisamment vaste pour accueillir les quelque 150 personnes présentes. Aux côtés des Burundais, de nombreuses communautés représentant le Rwanda, la République démocratique du Congo, le Cameroun, la Tanzanie, le Kenya, l’Ouganda, ainsi que des Canadiens d’origines diverses, ont participé à la fête. Cette diversité témoigne d’un fort sentiment d’inclusion et de solidarité entre les communautés ethnoculturelles de la ville.
« Normalement, nous célébrons cette événement le 1er juillet, souvent en même temps que la fête du Canada. Mais au-delà de la date, c’est l’occasion de se souvenir. C’est une commémoration : un hommage à ceux qui ont sacrifié leur vie pour notre indépendance. Il est essentiel que nos jeunes, qui n’ont pas connu cette période, connaissent l’histoire de leur pays d’origine », souligne André Nsengiyumva, président de l’association burundaise.
La soirée a été rythmée par une programmation riche en émotion. Des danseuses ont présenté des danses traditionnelles sur des chansons burundaises, vêtues de costumes colorés, incarnant la beauté du patrimoine régional.
Plusieurs discours ont également marqué la soirée, dont celui du président André Nsengiyumva qui avait pour thème la résilience. Il a souligné que « dans un monde en proie à des crises multiples et à une érosion des libertés fondamentales, il est vital de rester ancré dans ses valeurs, de préserver ses droits et de faire preuve de détermination individuelle, tant dans son pays d’origine que dans celui d’accueil. »
Un buffet à la fortune du pot préparé par les familles a permis à chacun de savourer un éventail de mets traditionnels : haricots, manioc, petits pois, viandes en sauce, etc. Un vrai festin communautaire.
La soirée s’est poursuivie dans une ambiance festive, portée par des chants et des danses burundaises, jusqu’à la fermeture. « C’est la première fois que nous rassemblons autant de monde. Ce mélange d’âges et de cultures dansant ensemble était magnifique. La participation des jeunes, notamment comme bénévoles, a été remarquable. Une vraie fête communautaire, pleine de fierté et de solidarité », conclut André Nsengiyumva, visiblement ému par la réussite de l’événement.
Photo (crédit : Nono Basubi) : Des groupes de danseuses burundaises ont présenté des danses traditionnelles.