Depuis près d’une décennie maintenant l’automne débute à Windsor avec une activité destinée à sensibiliser la communauté sur la violence faite aux femmes. Cette violence prend plusieurs formes : domestique, conjugale, harcèlement ou sexuelle. Et, cette année, les femmes ont choisi de rappeler pourquoi cette rencontre annuelle était toujours pertinente, peut-être plus que jamais.

En raison des travaux au Parc Dieppe, c’est sur les parterres entre Art Gallery Windsor et Windsor International Aquatic and Training Centre que les organisatrices avaient invité ceux et celles qui appuient cette cause à se rassembler le 30 septembre dernier. Ceci explique peut-être pourquoi la participation était relativement plus faible que par les années passées.

Après le mot de bienvenue présenté par les deux animatrices de la soirée, dont Elisabeth Brito (Réseau Femmes) qui assurait la présence francophone au micro, des femmes, victimes de violence, sont venues témoigner de leur histoire de vie et de quelle manière les sévices dont elles ont été victimes ont transformé la suite des choses pour elles, leurs familles et leurs entourages.

Il a donc été possible d’écouter l’histoire d’une représentante des Premières Nations qui a subi les attaques de membres d’une équipe de football universitaire, une agression marquée par le racisme. « On m’a suggéré de changer d’établissement mais j’ai refusé. Je voulais pouvoir les confronter quotidiennement, la tête haute ». Pour cette autre femme, c’est son nouveau compagnon de vie qui lui a fait traverser l’enfer. Une troisième participante a rappelé que la violence pouvait également être économique. « Pour que mon mari accepte le divorce, j’ai été forcée de tout abandonner et de me réinstaller très loin avec seulement quelques centaines de dollars en poche ».

S’appuyant sur un texte écrit, I am here for…, accompagnée de sa petite fille, elle a pris une dizaine de minutes pour rappeler tous ceux qui sont affectés par n’importe quelle forme de violence envers les femmes et les enfants : les victimes, les policiers, infirmiers et autres intervenants de la santé qui sont confrontés quotidiennement à des images témoignant des agressions et aux répercussions que ces actions entraînent. Elle a nommément évoqué les réalités du stress post-traumatique que subissent non seulement les femmes agressées mais également leurs enfants et leur entourage.

Tous ces témoignages ont été reçus dans le silence et avec un grand respect. Dans la foule, les visages, toujours graves marquaient souvent leur approbation face à la dénonciation par un hochement de tête discret et, quelques fois, les propos se traduisaient par une salve d’applaudissements.

Cette année l’activité s’est déroulée quelques jours à peine après la mise en service d’un site permettant aux victimes de dénoncer la violence subie de manière à permettre un suivi. On estime que seulement une femme sur dix dénonce son agression. À Windsor, le service de police reçoit en moyenne 170 signalements par an. La marche s’est finalement mise en branle sur l’avenue Ouellette pour se terminer sur Maiden Lane.

 

Photo : un groupe de femmes francophones était sur place, en soutien à la cause.