Le 1er mai dernier, dans la très belle église Sainte-Anne de Tecumseh, le cardinal Gérald Cyprien Lacroix, prononçait une conférence ayant pour thème les chemins vers la sainteté. Pour illustrer son propos, il s’est très souvent référé aux Saints et aux Bienheureux canadiens allant même jusqu’à dire que le Canada est probablement un des seuls pays au monde, sinon le seul, à avoir été mis en valeur par des personnes aujourd’hui canonisées. 

Pour ce natif de Saint-Hilaire de Dorset au Québec, fils de bûcheron et très fier de ses racines, l’évocation de tous ces gens qui sont venus ici aux premiers temps de la colonie et qui, par leur travail et leur engagement à propager la foi ont finalement été élevés au rang de saints, représentait un moment de partage particulier.

« Toutes ces personnes ont, à un moment donné, fait le choix non seulement de tout laisser derrière elles mais, également d’accepter de transmettre le message de la foi catholique », mentionne le cardinal. 

Selon lui, ces gens l’ont fait d’une manière très novatrice, pas très courante à l’époque. «  Qu’il s’agisse du père Lalemand ou du père Brébeuf, de Marie de l’Incarnation, de Marguerite Bourgeoys, de Marguerite d’Youville ou de Mgr François de Laval, ils ont un point en commun. Ils ne sont pas restés dans les installations de Ville-Marie, Québec ou Trois-Rivières. Au contraire, ils sont sortis et sont allés à la rencontre des peuples amérindiens dont ils ont pris le soin d’apprendre la langue. »

Difficile de ne pas faire le rapprochement avec l’exhortation du pape François faite aux membres du clergé, quel que soit leur statut. Il les a en effet invités, dès le début de son pontificat à sortir de leurs presbytères, de leurs églises et même de leurs palais épiscopaux pour aller au devant de leurs populations, non pas pour prêcher mais bel et bien pour travailler, jouer, s’investir avec elles. François a même précisé que c’est de cette façon qu’ils vont redevenir des modèles auxquels les gens voudront s’identifier, ce qui va les ramener petit à petit vers l’Église catholique romaine.

Le cardinal Lacroix a, entre autres, donné l’exemple de Mgr de Laval, canonisé en avril 2014. Né en 1623, fils d’une famille noble, il est d’abord formé pour devenir missionnaire en Extrême-Orient mais aboutit en Nouvelle-France, un territoire dont il ne connaît pas grand-chose. 

« À l’époque, son diocèse était très vaste et comprenait toute la Nouvelle-France, c’est-à-dire tout le territoire s’étendant de la baie d’Hudson à la Louisiane et de l’Acadie aux plaines de l’Ouest canadien, poursuit-il. En fait, François de Laval était souvent parti pour des mois à la fois pour visiter les installations françaises. Il a connu les longues marches dans la neige, la descente de rivière et les rigueurs du climat canadien. » 

Encore une fois, Mgr Lacroix y voit la marque d’une conception unique du travail de missionnaire marqué par l’humilité, l’ouverture et le désir d’aller à la rencontre des autres pour leur transmettre la parole de l’Évangile. Cette approche était très différente de celle qui avait cours dans les autres territoires de mission selon lui. 

En revenant sur la fierté à l’égard des racines, il a indiqué aux personnes présentes que nous pouvons être fiers, à titre de Canadiens, de ce que ce pays ait été ouvert par des femmes et des hommes ayant à l’esprit de faire les premiers pas, souvent au risque de leur vie, pour entrer en contact avec des cultures, des langues et une conception du divin très différente de ce qui se pratiquait en France et ailleurs. 

Photo: Mgr Gérald Cyprien Lacroix était de passage récemment à l’église Sainte-Anne de Tecumseh.