Jorge Oliveira

Le nouveau Centre scolaire francophone de Sarnia a enfin ouvert ses portes après un an de travaux. L’édifice abrite deux écoles secondaires, Saint-François-Xavier et Franco-Jeunesse. Personnels et étudiants ont découvert leur nouvel environnement à la rentrée. Ambiance.
Avec beaucoup de si, tout serait parfait. Les ouvriers auraient déjà remballé toute leur quincaillerie, les salles de classe seraient enfin d’équerre et tout le monde serait bien content. Mais les « si » manquent souvent à l’appel de la réalité, c’est une chose admise.
Au comble du bonheur, les directeurs de Saint-François-Xavier et de Franco-Jeunesse n’y sont donc pas tout à fait. Pas encore. Ils se situeraient plutôt juste un cran au-dessous, raisonnablement heureux. Ils grimperont à l’étage supérieur quand les travaux de leur rutilant Centre scolaire francophone seront bel et bien terminés. C’est-à-dire lorsque les espaces communs aux deux établissements ne seront plus en chantier, que le grand gymnase aura ouvert ses portes et que la kyrielle des fournitures et équipements attendus auront été livrés et installés. Une expression revient dans la bouche des deux directions, comme un leitmotiv d’espoir en stéréo : « Ça s’en vient, ça s’en vient… ».
À Saint-François-Xavier, au-delà de ces menus détails, on préfère d’ores et déjà insister sur le gain d’espace, le surcroît de confort pour le personnel et étudiants et le regain d’enthousiasme palpable courant dans les couloirs de l’école. « Pour commencer, il n’y aura plus de portatives. On aura aussi un atelier de robotique à la mesure de nos ambitions. Quant à nos spectacles, on ne sera plus obligés de louer la salle de la bibliothèque du centre-ville qui était chère et pas toujours adaptée à nos besoins », commente la directrice intérimaire, Ginette Anderson.
Quelques jours après la rentrée, certains étudiants ont encore du mal à se faire au nouvel agencement des lieux. Des murs qui n’existaient pas auparavant ont été érigés, des escaliers ont fait leur apparition ainsi que de nouvelles portes. Cela dit, tout le monde devrait rapidement y trouver son compte. Comme la classe de musique, pour qui le changement est radical.
Alors qu’ils étaient encore poignés à s’entasser l’année dernière dans une portative qui servait à la fois de studio d’enregistrement, de local de répétition et de salle cours, le tout dans une ambiance frisant la cacophonie, ils auront maintenant une classe digne ce nom, avec trois pièces insonorisées et une vaste salle de cours.
Question changement, l’école Franco-Jeunesse, elle, serait plus proche de la révolution copernicienne. Pour les 40 élèves qui ont quitté leur ancien établissement installé depuis 45 ans sous le même toit qu’une école anglophone, tout est absolument nouveau.
Il reste certes quelques coups de peinture et de balai à donner, mais grosso modo tout y est. Des salles de cours équipées avec le dernier cri de la technologie, du mobilier exhalant encore ce parfum délicieux du neuf et cette grande pièce en cours d’aménagement qu’Alain Lacasse, le directeur, résume d’un mot, en ouvrant les bras :
« mon petit bijou ».
De larges baies y laissent entrer une généreuse lumière faisant ressortir le blanc des cuisinières en cours d’installation. « C’est ici que l’on va donner nos cours de nutrition. Et c’est aussi dans cette pièce que les élèves vont se rencontrer autour du déjeuner. On a tous un endroit préféré, le mien, c’est ici », poursuit-il, son regard embrassant l’avenir.
Les élèves de Franco-Jeunesse ont tous découvert l’établissement à la rentrée, après la coupe de ruban que le directeur avait tenu à organiser pour la circonstance. « Je voulais que ce soit une découverte totale pour eux et faire en sorte qu’ils se l’approprient tout de suite », dit-il. Une inauguration plus officielle est bientôt prévue, avec dignitaires et concert de célébrations. Quand? Ça, le directeur ne le sait pas encore. Mais les premiers mots de son discours, il les a déjà en tête, une formule frappée au coin du renouveau. Des mots qui claquent comme une déclaration d’indépendance : « Enfin, chez nous! ».

Photo : Alain Lacasse, directeur de Franco-Jeunesse, a réservé un accueil spécial à ses étudiants