Pour une deuxième année consécutive, l’Association canadienne-française de l’Ontario de Windsor-Essex- Chatham-Kent tenait une rencontre littéraire dans le cadre du Bookfest Windsor. Cette année, l’auteur invité était Louis Hamelin. Ce dernier a parlé en long et en large de son roman La Constellation du lynx traduit en anglais sous le titre October 70 par Wayne Grady.
Le récit porte sur les faits historiques connus de la Crise d’octobre en 1970, au cours de laquelle l’attaché commercial de la Grande-Bretagne, James Richard Cross, et le ministre québécois du Travail de l’époque, Pierre Laporte, sont enlevés, déclenchant une série d’événements jamais vus au Canada : promulgation de la Loi sur les mesures de guerre, emprisonnements de plus de 500 personnes et décès de Pierre Laporte.
Louis Hamelin se défend d’être un historien. Cependant, la soixantaine de personnes présentes ont pu découvrir l’ampleur de la recherche documentaire qu’il a faite sur une longue période avant de commencer l’écriture du roman. « J’ai écrit un roman à partir de faits réels, impliquant de vraies personnes en utilisant l’art du romancier pour combler ce que je considérais être des vides dans la version officielle », précise l’auteur.
Ces chaînons manquants se rapportent, entre autres, au contexte général des années 1960, à la naissance du Front de libération du Québec, aux liens tissés entre les membres de l’organisation, les cellules et le monde interlope (notamment pour se procurer des armes). Ils concernent également la connaissance qu’avaient la police et les services secrets canadiens et américains de l’existence du groupe, de leurs lieux de rencontre, des caches, etc. Les participants, dont une vaste majorité a été témoins des événements, ont immédiatement accroché à la présentation de M. Hamelin qui a su les ramener 44 ans en arrière.
La période de questions a également permis de soulever des faits intéressants. Par exemple, questionné en lien avec la réception de son roman dans la société québécoise, Louis Hamelin a relevé qu’il y avait deux grandes tendances : celle des lecteurs qui ont vu dans son adaptation romancée d’un événement marquant de l’histoire une lecture intéressante pouvant soulever des questionnements légitimes et celle de ceux qui lui ont fait savoir que ce n’était peut-être pas une bonne idée d’introduire du romanesque dans un épisode comme celui-là.
Pour l’auteur, cela illustre bien « à quel point, tant d’années plus tard, ce sujet est encore sensible pour les Québécois ».
Pour sa part, Wayne Grady, qui vivait à Montréal dans les années 1970, a souligné que le travail de traduction lui a permis de découvrir plusieurs facettes de la réalité québécoise qui ne l’avaient pas nécessairement frappé alors qu’il était sur place.
Au terme de la conférence, l’auteur a pris quelques minutes pour parler avec des membres de l’auditoire et autographier quelques livres.
Photo : Louis Hamelin (à droite) était l’auteur invité.